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BIENTÔT, DJIBOUTI AUSSI DIRA "NON" AU NÉPOTISME DE L’ADMINISTRATION INDIRECTE DU PRÊTE-NOM.
"LA LIBERTÉ N'EST JAMAIS ACCORDÉE DE BON GRÉ PAR L’OPPRESSEUR ; ELLE DOIT ÊTRE EXIGÉE PAR L'OPPRIMÉ." -- MLK
DJIBOUTI : REFORMONS L'OPPOSITION AFIN DE POUVOIR UN JOUR REFORMER L'ÉTAT
NOUS CONVIONS CET ÉTÉ 2014, TOUTE L'OPPOSITION À DES ÉTATS GÉNÉRAUX

8 juillet 2013

1ère partie : le naufrageur (de l’ARD) peut-il être le sauveteur (du pays) ? - par Cassim Ahmed Dini (2ème et 3ème parties au pied de l'article)

Admol toome kabella ansarradal ma taysa " (Sandale mal tannée ne s’améliore pas en glissant)

Quand une négociation s’engage, il y a tout d’abord le choix des négociateurs, puis ce qui peut être négocié. Ici, le régime délègue qui il veut et l’autre partie n’a aucun droit de regard. De plus, le régime est même en mesure de choisir les interlocuteurs qu’il veut : c’est déjà fait avec l’emprisonnement de ceux qu’il craint vraiment et l’acceptation que leur libération ne soit pas une condition préalable au dialogue. Tout est dans ce rapport de force. Donc, l’UMP va uniquement discuter avec ceux qu’elle estime remplir les conditions de « sa » légalité, même pas les dix députés auxquels elle reconnait une place au soleil. Comme ce n’est pas avec eux qu’il y a contentieux, les négociations auront lieu avec les trois partis légalisés au nom desquels le dépôt de candidature de la liste USN a eu lieu : ARD, PDD et UDJ. Selon son humeur, le chef de l’Etat, en définitive chef suprême de tous les partis politiques, peut accepter ou pas la présence du CDU. Dans toutes les configurations, c’est l’ARD qui jouera la locomotive : voyons donc ce que cette machine a dans le ventre. « La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas » : cette aphorisme de Paul Valéry vaut aussi pour la politique djiboutienne. Afin de mieux saisir ce qui peut sérieusement être attendu de ce dialogue, il serait peut-être temps d’évoquer quelques petits secrets qu’UMP et USN connaissent ensemble et cachent ensemble.

Au début de la campagne électorale, le président du MoDel avait avancé une proposition, évidente mais révolutionnaire : un brassage ethnique des délégués de l’opposition dans chaque bureau de vote ; chaque formation étant invitée à présenter son quota. A l’heure des derniers préparatifs, il s’est trouvé que l’ARD n’avait aucun délégué à présenter dans la circonscription électorale de Djibouti-ville. C’est ainsi que, par exemple, pratiquement aucun cadre ou militant ARD n’était présent dans les bureaux de vote d’Arhiba : « l’USN ne vous fait pas confiance », aurait-on même dit à certains. En fait, l’ARD ne pouvait proposer de délégué pour une raison simple : la Direction n’a consulté personne avant de s’engager dans ces élections et a même refusé de se présenter à quatre réunions spécialement organisées pour lui demander des explications. Imaginez alors l’humiliation ressentie par ses militants empêchés de participer au contrôle des bureaux de vote de leur propre quartier !

Par contre, l’ARD avait le monopole du choix des délégués pour les districts d’Obock et de Tadjourah mais, là encore, catastrophe. Ainsi, le jour J, aucun délégué dans les bureaux de vote de la ville d’Obock n’avait le document officiel l’autorisant à surveiller le déroulement du scrutin : ils furent tout simplement refoulés ! UMP et USN cachent bien ce premier secret : il ne peut y avoir aucun contentieux électoral sérieux à Obock puisque l’USN s’y est sabotée elle-même ; les délégués de l’opposition n’ayant aucun document officiel attestant de leur qualité. Et ne parlons même pas des bureaux de vote à l’intérieur des districts : aucun délégué n’y fut même envoyé ; et ce n’était pas un problème de logistique puisque de l’argent, il y en avait. Incompétence de représentants de l’ARD au sein de l’USN (président et vice-président) ? Comme pour le régime, il ne serait pas étonnant que l’incompétence ne soit nullement sanctionnée, mais il s’agit véritablement de sabotage et de trahison. Ainsi, pour Tadjourah, il a pratiquement fallu une dispute sanglante pour que le vice-président de l’ARD accepte de remettre (au dernier moment) les documents officiels aux délégués de l’opposition dans ce district où le désastre n’a pu être évité que grâce à l’action décisive de M. Youssouf Ambassa et de son équipe. Donc, comme si les habitants de ces districts n’étaient que des citoyens de seconde catégorie, il n’a pas été jugé utile au sein de l’USN de dénoncer cette trahison et de remettre en cause la crédibilité de ses Afars de service.

Après le hold-up prévisible et la répression sauvage contre les premières manifestations, l’USN a tenu une réunion stratégique au cours de laquelle constat a été établi que la communauté afare et spécialement Arhiba, ne participaient pas au soulèvement. Les leaders afars (toutes formations confondues) de l’USN ont donc été invités à se rendre à Arhiba début mars pour mobiliser cette communauté, même pas pour comprendre les raisons de ses réticences. Le catéchisme révolutionnaire censé ramener l’éternelle victime dans le droit chemin fut prononcé dans une annexe de l’ARD pleine à craquer : « Vous les Afars, hier vous êtes restés à l’écart de l’Indépendance ; aujourd’hui vous êtes à l’écart de la Démocratie. Ne ratez pas l’Histoire par votre ignorance ! Rejoignez la contestation avec l’USN ». Calmement, les orateurs désignés par les militants venus de toutes les annexes du pays leur répondirent ceci :
  1. « Les Afars ne sont pas restés à l’écart de l’Indépendance, mais ils n’ont pas pu en profiter (à cause de l’antisomalisme de l’UNI d’Ahmed Youssouf et du MPL d’Abbatté et d’Adan Batan)  ;
  2. Nous, militants de l’ARD, n’avons pas été consultés à propos de ces élections : candidats suppléants ont été choisis sur des bases claniques ou familiales ; c’est aujourd’hui seulement que l’USN daigne réellement prendre contact avec nous et nous témoigner du respect, que nous avons vainement attendu de nos dirigeants ;
  3. Nous, militants de l’ARD, estimons donc ne pas avoir de dirigeants dignes de ce nom et demandons la tenue d’urgence d’un Congrès pour choisir une nouvelle Direction. Le président de l’ARD que voici et son vice-président que voilà sont des irresponsables qui ont divisé le Parti par leurs mensonges et leur zizanie ». Il est vrai que les charges étaient particulièrement lourdes contre le vice-président de l’ARD, auquel est même reproché, preuves à l’appui, un juteux trafic de cartes de militant, vendues 10.000 Fd pièce à des candidats à l’exil, étrangers au parti !
Donc, deuxième secret jalousement gardé par l’UMP (puisque de toute évidence l’ARD est un parti infiltré au plus haut niveau) et l’USN : les dirigeants de l’ARD au sein de l’USN sont illégitimes et illégaux dans leur propre parti ; ils ne représentent qu’eux-mêmes, incapables de mobiliser à cause de leurs malversations.

De tout ce qui précède, deux constats s’imposent :
  1. Les responsables de l’ARD, qui vont négocier avec le régime, ont trahi leurs propres militants, affaibli le parti en divisant ses membres sur des bases claniques (prochaine grande maladie qui risque d’emporter ce parti immunodéficient) ou de proximité amicale ;
  2. Des négociateurs qui représentent si peu au sein de leur communauté, dotés de si peu de ressources politiques, ne peuvent être véritablement pris au sérieux par le régime. Lequel, trop heureux de trouver en face de lui des adeptes des coquilles vides, semble se dire « il faut sauver le soldat dankali … » ;
D’où la seule question qui vaille : celui qui a été le naufrageur de son propre parti peut-il être le sauveur de toute la Nation à travers des négociations avec ce régime ? Autrement dit, ceux qui ont détruit l’ARD et sa crédibilité pour quelques sièges de députés peuvent-ils négocier sur les grands principes de moralité et les idéaux républicains qui ont donné ce souffle à l’USN ?

A chacun de juger ! Deuxième partie : les négociateurs côté régime, qui oscillent entre l’autisme et le hooliganisme.

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NEGOCIATEURS OU NEGOCIANTS ?
12 juillet 2013,

2ème partie : derrière les marionnettes prétentieuses, le ventriloque discoureur.

« Deux loups affamés, lâchés an milieu d'un parc à moutons, y commettent moins de dégâts que n'en commettent, dans la religion la cupidité matérielle de l'homme et son amour des honneurs. »  

Le Prophète (sallâ l-Laahû ‘aleyhi wa sallam) selon un Hadith rapporté par Ka‘b Ibn Malik -qu’Allah l’agrée.

« Aabbo Dini, je suis vraiment désolé. Cela aurait été un honneur pour moi de conclure un véritable accord de paix avec vous. Malheureusement, je suis saboté par le Président ». Ainsi parlait en février 2001 le ministre de l’Intérieur de l’époque, M. Abdallah Abdillahi Miguil, chef de la délégation gouvernementale aux pourparlers de paix avec le FRUD : les négociations venaient d’être rompues. Même s’il a laissé son nom tristement célèbre sur un autre registre, rien ne dit qu’il n’était pas sincère ce jour-là. Courte introduction qui annonce la couleur de cette partie relative aux négociateurs du régime : à part quelques anecdotes, aucune révélation à en attendre et prétendre le contraire reviendrait à enfoncer des portes ouvertes. Car nous savons tous qu’ils ne sont que des marionnettes prétentieuses actionnées par un ventriloque fourbe.

Il y avait une ambiance assez folklorique lors de ces négociations entre avril 2000 et mai 2001. Ainsi, dans la « commission des réformes démocratiques », je représentais les maquisards tandis que la délégation gouvernementale était dirigée par le député Idriss Arnaoud. Ne me demandez pas comment un parlementaire a pu siéger au sein d’une commission instituée par l’Exécutif : la séparation des pouvoirs est ici chose fluctuante. Il y avait même un fonctionnaire, portant le titre pompeux de « Monsieur Bonne Gouvernance » qui, après avoir donné des leçons de rigueur administrative à nous autres barbares venus du maquis, s’est temporairement retrouvé à Gabode, pour détournement de dizaines de millions et falsification de titres fonciers servant d’hypothèques à de vrais crédits bancaires. Pour sa part, ce n’est pas qu’il soit particulièrement méchant, mais il se trouve que, dès notre première réunion de travail, ce chef de la délégation gouvernementale au sein de cette commission était un provocateur. Ainsi commença-t-il : « monsieur Cassim, votre père est un criminel de guerre, un tueur qu’il aurait mieux valu emprisonner et vous avec » etc. etc. j’en passe et des meilleures. J’ai calmement suggéré à ce M. Arnaoud de choisir entre aller ester en justice contre ledit « sérial killer » que serait pour lui mon père ou redevenir sérieux et remplir la mission pour laquelle son chef l’avait officiellement désigné : négocier une paix tant attendue.

Le calme est ensuite revenu, mais ce n’est pas pour autant que notre commission est parvenue à un accord car ce que je proposais était inacceptable : un gouvernement de transition chargé d’appliquer les réformes démocratiques et tenu par un calendrier précis, devant organiser les premières élections libres et transparentes du pays. Relisez l’accord de paix du 12 mai 2001 : plus aucune trace de tout cela. Mais un front « colosse aux pieds d’argile », en avait-il encore les moyens ? Bien évidemment pas pour au moins trois raisons :
  1. Le Front était affaibli par les multiples dissidences (94, 96, 97), tentatives de dissidence bien après et par les dissensions internes ;
  2. Le contexte régional était défavorable à la guérilla du fait d’un renversement d’alliance (Djibouti venait de s’allier à Asmara pour déstabiliser Addis-Abéba à partir de Mogadiscio) ;
  3. La brousse n’était pas et n’est toujours pas le terrain d’action pertinent de la lutte armée, elle ne peut être qu’une base arrière pour des opérations menées dans la Capitale : pour empêcher l’ennemi de dormir et de se sentir en sécurité, c’est Carlos Marighella et sa guérilla urbaine qui l’emportent sur Che Guevara et sa théorie du focos révolutionnaire.
Ayant pris du galon depuis (Président de l’Assemblée nationale mais victime d’un tabassage par la Garde Présidentielle, qui lui aurait causé quelques fractures, ce à quoi j’ai immédiatement compati) ce grand personnage de l’Etat ne semble toutefois pas être pressenti pour les futures discussions avec l’opposition.

Par contre, il n’est pas exclu que le chef de la délégation gouvernementale en 2000-2001 au sein de la commission « Paix civile » se retrouve face à elle car, lui aussi ayant pris du galon (même s’il est encore colonel du SDS) est aujourd’hui ministre de l’Intérieur et de ce fait responsable de la vie de tous les partis politiques. Non pas qu’il ait brillé par son esprit d’ouverture lors desdites négociations, mais une anecdote mérite au moins d’être rapportée pour « éclairer » son personnage. Un jour, alors que rien ne justifiait une tension particulière, il a traité de « débile »un négociateur du FRUD. Lequel, pas très habitué à l’euphémisme, l’a gratifié d’un « débile toi aussi » : bonjour la hauteur des débats entre gens normalement responsables. A l’intention de ceux qui auront à traiter avec (ou contre) l’actuel ministre de l’Intérieur, notoirement célèbre pour sa contribution à la fraude à Tadjourah lors des législatives de 2003 et 2013, un penchant poussé au zèle doit être gardé à l’esprit : ce haut gradé du SDS, commissaire de Tadjourah du temps de la guerre civile (1991-2000), dont même les chameaux encore vivants des caravanes de vivres portent les stigmates, a un jour eu la brillante idée de porter plainte devant Ismael Omar contre son homologue chef du district d’Obock, M. Ali Yabeh, Ali Marecane pour les nombreux intimes. Motif : ce dernier serait « trop gentil avec les Afars », en les autorisant à emporter trop de vivres ; sans rajout ni commentaire ! Pour comprendre la psychologie de certains Afar de ce régime et des candidats à leur remplacement numérique, de plus en plus nombreux, deux références s’imposent :
  1. Celle du Coran, dans lequel il est question d’un certain Qarun qu’évoque la Sourate XXVIII : esclave juif au service de Pharaon, donc maltraitant ses frères,
  2. Le stéréotype de l’esclave dévoué admirablement joué par Samuel L. Jackson dans « Django Unchained » le dernier film de Quentin Tarantino.
Last but not least, un ténor de la nouvelle galaxie gouvernementale des Tiji risque de se retrouver à la table des futures retrouvailles majorité-opposition : le diplomate en chef donc actuel ministre des Affaires Etrangères de notre pays sans véritable diplomatie. A l’époque, il n’a absolument joué aucun rôle : trop gamin pour cela. Aujourd’hui, il suffira juste de lui rappeler les sages propos qu’un notable lui a tenus à Garbanaba lors de la campagne pour la présidentielle de 2005 : « Mon enfant, vous êtes certes gentil, mais comment faites-vous pour ne pas être fatigué de tous vos mensonges impuissants ? Car nous savons que malgré toutes vos promesses, certainement sincères, vous n’avez absolument aucun pouvoir de les mettre en application. Alors pitié, ne perdez pas votre temps et ne nous faites pas perdre le nôtre. »

Enfin, il n’est pas exclu que Monsieur Sheraton s’invite à la table des négociations, auquel cas il suffira de lui dire : « Room service, please ! ».

Dans la dernière partie, nous verrons ce qui peut être négocié ou pas, obtenu ou pas, à l’aune des expériences du passé et des contraintes du présent. C.A.D

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NÉGOCIATEURS OU NÉGOCIANTS ?
20 juillet 2013,

3ème partie : mariage forcé ou mariage d’intérêt ?

« Je jure devant Allah d’appliquer honnêtement et scrupuleusement toutes les dispositions de cet Accord de Paix. ».

Ismael Omar Guelleh, main sur le Coran, le 12 mai 2001 au Palais du Peuple de Djibouti

Il y a dans une région précise d’Ethiopie, un geste de désespoir d’une extraordinaire beauté, mais hélas trop méconnu : quand une fille Afar fuit un mariage forcé, elle va se réfugier chez les Issa qui l’accueillent et lui donnent époux parmi les leurs. Et ça fonctionne aussi dans l’autre sens : une fille Issa préfèrera également s’intégrer dans une tribu Afar plutôt que de se voir imposer un conjoint : toutes ont en commun de librement choisir de se constituer prisonnière de guerre pour ne pas subir les lois iniques du marché matrimonial tel que communément entendu. Damnation volontaire qui, sans hésiter, vaut bien mieux que la pratique courante à Djibouti dans les années 60-70 : les pubères pressenties préféraient se brûler vives. On perçoit d’ici les grincements de dents masculins de quelques guerriers intolérants : choisir l’ennemi ! Quel crime. Oubliant que le mariage forcé est contraire aux préceptes de l’Islam : mais l’on apprend souvent à ses dépens que certains pèlerinages à la Mecque renforcent des prédispositions au péché, au mensonge, à l’hypocrisie et à la trahison. Mais quel rapport avec l’objet de cet article, direz-vous ? Récapitulons.

Dans la première partie, il s’agissait de montrer qu’un déserteur, traître à son camp, ne pouvait rien négocier d’autre que sa propre reddition : telle est la forfaiture dont se sont rendus coupables les représentants de l’ARD au sein de l’USN et qui leur ôte toute crédibilité dans la négociation. Dans la seconde partie, portrait des représentants du régime a été dressé d’une part, selon lequel ils n’ont absolument aucune marge de manœuvre, se contentant de déblatérer un catalogue de leurres préparés à leur intention par le maître absolu. D’autre part, il s’agissait de montrer à travers l’expérience des pourparlers de paix de 2000-2001 entre gouvernement et FRUD que, quelle que soit la valeur personnelle du négociateur, sa capacité de persuasion est égale à la force collective qu’il représente. Ici en l’occurrence la crédibilité de la lutte armée à imposer militairement des réformes du système : ce qui relevait, et relève encore de l’impossible, n’en déplaise au charlatanisme. C’est la fameuse réplique de Staline à Laval qui lui demandait de ménager le Vatican : « Le Pape, combien de divisions ? ». Dans ce troisième et dernier volet, essayons ensemble de soupeser les enjeux des négociations en cours.

Hormis les malversations évoquées dans la première partie de ce tryptique, il ne m’appartient pas de remettre en cause la conviction des autres négociateurs de l’USN, n’appartenant pas à la même formation politique que moi. Par contre, il ne me semble pas tout à fait inutile de rappeler à mes concitoyens toutes les dispositions de l’accord de paix du 12 mai 2001(salué en son temps par Koffi Annan et Bill Clinton, pour ne citer qu’eux), qu’en dépit de sa main sur le Coran, le chef de l’Etat a violé. Etat des lieux non exhaustif d’un parjure donc :
  • La réhabilitation des zones affectées par le conflit et l’indemnisation des civils dont les biens ont été pillés par les troupes gouvernementales : la communauté internationale s’était engagée à rapidement débloquer les fonds nécessaires dans le cadre d’une conférence de donateurs, refusée par le gouvernement djiboutien ;
  • La lutte contre l’impunité accordée aux auteurs d’exécutions sommaires, de viols, de tortures et de traitements inhumains et dégradants ;
  • La Décentralisation, modifiée par l’Assemblée nationale à l’unanimité moins une seule voix, celle d’Ali Mohamed Daoud, dit Jean-Marie : même les autres députés FRUD (dont Abbatté) ont cautionné cette violation ;
  • Le Conseil Constitutionnel, dont le fonctionnement et la composition auraient dû être redéfinis d’accord parties ;
  • La mise en place d’une commission ad hoc chargée de mettre fin au déni de citoyenneté en accordant les pièces d’identité à tous ceux qui ont sont arbitrairement privés ;
  • La mise en place d’une CENI véritablement indépendante.
Arrêtons le massacre : dans ses lignes essentielles, cet accord de paix a été largement violé et le seul responsable en est le chef de l’Etat. Comment accorder aujourd’hui confiance à quelqu’un capable de renier un engagement pris devant Allah et ses concitoyens musulmans ?

Sans interdire de rêver d’une rédemption miraculeuse, examinons d’abord le rapport des forces objectivement observable sur le terrain. Nous avons, d’un côté, l’opposition qui continue à contester la fraude en s’installant dans un Parlement fantôme, en médiatisant les sorties de prière du vendredi, abondamment diffusées sur le Net et en bénéficiant de l’énorme soutien d’une diaspora dont la première faiblesse est justement de n’être pas sur le véritable terrain de la confrontation. Nous avons, de l’autre côté, un régime qui, sans avoir à faire tourner à plein régime ses forces répressives, arrête, emprisonne et torture de plus en plus de militants de l’opposition, en toute impunité. La disproportion est tellement flagrante entre les deux parties en « négociation » que l’issue des pourparlers en semble d’avance fixée :
  1. Installation d’un nouveau système, comme en informatique ? Strictement impossible ! Ce qui signifie qu’à l’issue de ces discussions, le régime ne pourra pas reconnaitre sa défaite aux législatives du 22 février dernier : une autre Assemblée nationale pourrait alors modifier la Constitution, interdire un quatrième mandat présidentiel et même instaurer un Premier ministre chef du gouvernement. Sans oublier au passage que cela reviendrait à condamner le rôle du ministère de l’Intérieur, de la CENI et du Conseil Constitutionnel dans ce hold-up électoral : qui croit vraiment une telle hypothèse possible ?
  2. Mise à jour du système avec ajout de widgets (donc de gadgets) destinés à neutraliser des formes plus déterminées de la contestation et à offrir une sortie honorable à certains protagonistes en leur permettant de sauver la face ? C’est certainement la stratégie retenue par le régime avec, pourquoi pas, un « gouvernement d’union nationale », quelques embauches dans la fonction publique et un engagement ferme à organiser la prochaine consultation électorale dans les meilleures conditions de transparence du monde. Et, cerise sur le gâteau, libération des prisonniers politiques au terme d’une grâce présidentielle et non pas d’une amnistie reconnaissant l’erreur judiciaire dont ils ont été victimes.
Alors, la seule question qui vaille est la suivante : qui a bien pu convaincre le régime de discuter avec l’USN ? Le Peuple : soyons sérieux ou alors de quel Peuple parlons-nous ? La communauté internationale ? Je ne peux résister à la facilité de rappeler trois positions officielles. Les deux premières sont celles de la France et troisième est européenne :
  1. massacre d’Arhiba en décembre 1992 avec au moins 59 morts et des centaines de blessés : par la voix du porte-parole du Quai d’Orsay «  La France déplore les violences, d’où qu’elles viennent » ;
  2. attaque du FRUD contre le Port de Djibouti en mai 1993, aucune victime et très peu de dégâts matériels : «  la France condamne fermement ». Tout est dans la nuance au mépris des vies humaines.
  3. position de l’Union Européenne. Un jour d’été 2006, le regretté Jean-Paul Abdi Nöel, président de la Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) rend visite au Représentant résident de l’Union Européenne à Djibouti pour lui faire part des récentes violations des droits de l’homme dans le pays. Excédé, ledit Représentant, abandonnant la langue de bois diplomatique, se met à menacer : « Vous, Monsieur Abdi Nöel, vous êtes un perturbateur pire que les opposants. Mais nous Européens, nous avons trop d’intérêts ici et nous ne vous permettrons pas d’y porter atteinte. Si nous le voulons, nous pouvons tous vous éliminer un par un ». Joignant le geste à la parole, il mit son index droit en travers de sa gorge, dans un mouvement horizontal ! Les intérêts européens dans la région ont-ils fondamentalement changé au point de permettre aujourd’hui que la dictature djiboutienne soit fragilisée par un combat démocratique décidément incompatible avec la croisade antiterroriste ?
Pris au piège, le loup préfère s’amputer et repartir libre sur trois pattes plutôt que d’attendre l’arrivée du chasseur arrogant. L’opposition djiboutienne aura-t-elle le courage et la lucidité de ne pas sacrifier les énormes aspirations populaires placées en elle ? Rien ne permet d’affirmer le contraire, au moins pour ses composantes respectueuses de leurs électrices et électeurs, militantes et militants. Mais, écœurés par les innombrables reniements et trahisons, beaucoup de nos compatriotes estiment aujourd’hui que les déclarations de fermeté des chefs de l’USN rappellent étrangement les gesticulations de principe des mariées de notre brousse ancestrale d’antan, feignant se refuser le soir des noces. Et certains de nos compatriotes ont également la désagréable impression d’être ces invités de la brousse qui, le lendemain des noces, attendent en voyeurs que soit exhibé le drap nuptial pour s’assurer (si tâche rouge il y a) que le mariage a été consommé, et dans les règles, sans mauvais jeu de mots.

Alors, mariage forcé ou mariage d’intérêt ? La réponse pas très tard.
C.A.D.

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""Il y a un temps pour RÉFLÉCHIR, un temps pour SENSIBILISER, un temps pour ÉPILOGUER et un temps pour AGIR contre le RPP : RASSEMBLEMENT DES PILLARDS DU PEUPLE.""
Téléchargez sur SkyDrive le CONTRAT JURIDIQUE ET MORAL avec le peuple de DE DJIBOUTI, afin de rassurer la population sur les INITIATIVES qui seront mises de l'avant AU DÉPART D'IOG : FEUILLE DE ROUTE (PDF)

UNE OPPOSITION RESPONSABLE ET CRÉDIBLE.

Le parti PRIDE appelle l’opposition à assumer pleinement son rôle. Lançons l’organisation d’un Congrès qui unira nos efforts, nous donnera la crédibilité nécessaire et l’appui de la communauté internationale pour une transition exigeant non seulement le respect de la constitution mais aussi la reforme du scrutin électoral et les dispositions préalables pour en assurer la transparence avant les prochaines élections de 2011.


Le peuple veut voir une opposition responsable autour d’une table ronde ou chaque parti sera représenté par 5 membres de leur direction et d’observateurs Djiboutiens.


Chaque parti tout en gardant ses affiliations, contribuera à édifier un document fort, engageant et prometteur, ralliant la population Djiboutienne toute entière dans sa diversité, contre le ballon vide d’IOG, à la mode Ukrainienne. Le document final signé par les parties, sera soumit aux pays médiateurs choisis au Congrès et aux institutions internationales.


DE LA SAGESSE, UNE VISION ET DU COURAGE, EST-CE TROP DEMANDER?


Le rôle de ces observateurs Djiboutiens comme la préparation du congrès, sera confié à une agence spécialisée dans l’exercice de cette fonction et un comité ou une entité neutre assumera la coordination et la préparation des documents du Congrès, entre cette agence et les parties ayants exprimées leur volonté d’y participer.


Dans un souci de transparence et de tenir le peuple informé, à défaut d’être diffusés en direct sur l’internet, tous les travaux de ce congrès doivent être vidéo-enregistrés.


Par le PRIDE : Parti Républicain pour l’Innovation Démocratique et l’Écologie : PLAN D’ACTION POUR UN FRONT COMMUN.

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CONSTITUTION DE LA RÉPUBLIQUE DE DJIBOUTI : EN FRANÇAIS ENGLISH

Présenté à toutes les Ambassades et Consulats de France dans le monde -- Memorandum du 28 Sept 2010.pdf.